• Chachapitre 3

    Cette fois là on se retrouve à porte de Choisy, on marche vers chez toi.

    C'est un peu gênant au début, le silence ne s'entendant qu'à grand'peine à travers mes efforts surhumains pour le couvrir d'absurdités quelconques.

     à mi chemin tu t’arrêtes. On est sur un grand trottoir, le long du mur d'un cimetière ; il fait nuit, les bulbes des lampadaires perdus dans les feuillages ne projettent qu'une lumière faiblarde.
     Tu te tournes vers moi, qui me met contre le mur. Tes yeux se plantent dans les miens.

    Tu me demandes ce qu'il s'est passé avec Delphine, et me laisses parler une demi seconde avant de te rendre compte qu'on est repartis pour le même débat que la dernière fois. Tu essaies donc de couper cours :
    "-Raah mais arrête ! C'est pas possible d’être aussi têtu... J'ai besoin de le savoir, OK ?
     -Mais enfin tu comprends bien que c'est un peu la trahir quand même...
     - La trahir de me le raconter à moi ??
     - Enfin elle est pas con, elle sais bien que j...   ...T'imagine pour elle, apprendre qu'on discute de ça tous les deux ?
     - Mais n'importe quoi ! C'est mon amie. J'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé, pour la réconforter justement,,
     - Mais en la réconfortant elle va bien se rendre compte que tu sais des trucs... Elle est déjà assez blessée comme ça... écoute c'est ma faute, s'il te plait n'en rajoute pas pour elle.
     - C'est toi qui en rajoute ! Comment tu veux que je la réconforte... " On tourne un peu en rond autour de ça, jusqu'à ça se transforme en :
    "-Dis moi.
     -Non.
     -Dis moi.
     -Non.
     -Dis moi."...

     à vrai dire on s'était déjà retrouvés dans des situations comme celles ci, mais jusqu'alors elles avaient toujours tourné à ton avantage, ma peur d'aller trop loin et de te perdre étant assez supérieurs à mon opiniâtreté. Cette fois là il n'y avait semble t il pas grand chose à perdre : tu m'avais dit trois jours plus tôt que tu ne voulais plus jamais me voir.

     On reste donc comme ça pas mal de temps. Finalement tu soupires, te remets face à moi,  fermes le poing, me défies du regard et désignes le mur toujours derrière moi :
    "-Si tu me dis pas, je donne un coup de poing de toutes mes forces dans ce mur"
    T'es pas du genre à bluffer, mais bon :
    "-Si tu fais ça je donne un coup de boule dans le même mur"
    Tu me regardes, esquisses un sourire, et frappes.
     Les 30 secondes d'après sont un peu floues.

     On se regarde pendant longtemps après ça.
     Une autre idée finis par passer dans tes yeux ; tu t'humectes les lèvres. Puis ton regard se baisse vers les miennes.

     

    Je t'en veux encore.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 22 Septembre 2017 à 21:29

    Déso, j'ai pas trouvé de zeugma à caser cette fois ci

      • Samedi 23 Septembre 2017 à 10:42

        tkt, les zeugma c'est un peu une fanfreluche pour virtuose, moi j'aime pas

    2
    Samedi 23 Septembre 2017 à 10:41

    Je m'attendais à ce que tu racontes les choses de manière linéaire, je suis très content que tune l'ai pas fait ça donne quelque chose  de précieux à  ce souvenir  qui semble lui aussi être dans sa bulle

    et le passage de l'agressivité au désir de chacha, le rappel de toutes les fois ou elles à plus ou mois testé les limites, ça m'a vraiment fait ressentir qu'elle joue avec le narrateur, qui lui est assez passif. Le fait que ça passe par la bouche et un détail très organique ça donne fortement l'impression d'un prédateur

    sinon il y a un détail que je déteste vraiment, dans "les bulbes des lampadaires perdus dans les feuillages ne projettent qu'une lumière faiblarde" pourquoi est ce que tu finit une aussi jolie proposition par un mot aussi laid ? ça me semble très inapproprié !

      • Samedi 23 Septembre 2017 à 10:48

        merci, c'est pour ça que je préférais les garder en feuilleton (entre autre) !

        Et j'imaginais pas ça comme particulièrement prédateur mais c'est vrai que ça ressors bien, c'est marrant.

        En fait à la base ça se finissait en "une faible lueur" mais je trouvais ça un peu convenu, et j'avais l'impression que ça détonnait un peu trop avec le ton du reste.  Je tenais à une courte description parce que ça permettait de parler du mur, pour après. Mais t'as raison que c'est assez moche, je vais essayer de trouver un juste milieu.

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