Je vais essayer de publier chaque mois un lot de morceaux sur Bandcamp, à la manière d'un portfolio pour essayer d'ouvrir un peu plus ce que je fais à de nouvelles personnes. J'espère que les morceaux vont vous plaire, ils sont très orientés musique de jeu vidéo : (merci à Léo de m'autoriser à utiliser ses photos)

https://macchabee.bandcamp.com/releases

Tracklist :
• Battle Against nothing more than usual [01:47]
• The Big Treeflowers [02:43] - composé pour Fuji-san
• Bash the Dragon [01:40] - composé pour Dicey Dungeon
• Journey somewhere [02:53] - composé pour P.O.T.E
• Jungle Music [02:54]
• Pendant (de) la Nuit (Face B) [03:38]

Encore une nouvelle audio, j'ai essayé de faire quelque chose de différend cette fois. C'est d'avantage pensé pour l'audio. Par contre ça fait 20min. 

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Encore une histoire mais cette fois-ci je ne suis pas parfaitement convaincu par le fait que l'audio apporte quelque chose. Du coup je publie également le texte de la nouvelle si certains veulent comparer les deux.

https://soundcloud.com/user-441025068/le-spectre-du-visible 

Le Spectre du visible

Quand l'équipe de chercheurs du laboratoire de recherche en biotechnologie annonça la nouvelle, se fut un retentissement. Ils firent cela en grande pompes, ménageant le suspens et leurs effets pour accentuer le spectaculaire. Au congrès, ce ne fut pas le directeur du laboratoire qui présenta la découverte comme le veut la coutume mais un chercheur qui avait été choisi pour son charisme et sa bonne façon de présenter. Sur la scène, un rideau avait été disposé dans l'unique but de pouvoir se soulever au moment de dévoiler la chose. 

La chose, c'était le nom de code que l'on avait donné à l'homme qui se tenait derrière le rideau pour éviter toute fuite d'informations et ne pas risquer que la presse ait vent de leur découverte avant qu'ils aient pu l'annoncer dans les formes. Pourtant, l'homme n' avait rien d'une chose. Personne simple et en manque d'argent, il avait accepté d'être le premier humain à tenter l'expérience parce qu'on lui avait promis une jolie somme mais aussi parce qu'il avait sincèrement adhéré au projet lorsqu'on le lui avait exposé après qu'il ait signé la clause de confidentialité. Il attendait donc patiemment, torse nu, debout derrière le rideau, que le chercheur prononce la phrase qui déclencherait son apparition au publique : mesdames et messieurs, laissez moi vous présenter à présent le premier homme à la peau transparente !

Bien sûr, l'intérêt avait été médical en premier lieu. Il s'agissait de pouvoir constater en direct et sur son propre corps les modifications qu'il subit de l'intérieur. Le postulat était que les gens fumeraient et boiraient moins s’il pouvaient contempler au jour le jour les dégâts que causaient ces substances sur leur organisme. Plus fort encore, avoir un corps transparent permettait de voir venir les cancers, tumeurs et autres caillots sanguins à leur tout début et, ainsi, d'augmenter les chances de guérison de façon considérable. C'était un moyen pour les médecins de faciliter grand nombre de leurs diagnostics et, à terme, cela devait faire faire des économies au patients eux-mêmes qui n'auraient plus besoin de passer de radios ou de scanners et qui pourraient s'auto diagnostiquer pour beaucoup de maladies bénignes. 

Mais aussi noble qu'ait été le but premier, ce qui fit vraiment prendre de l'essor à la vague de personnes à la peau transparente, c'est l'effet de mode incroyable que créa son arrivée. Ce fut une mannequin et célèbre influenceuse qui lança le mouvement en étant la première à publier sur son compte Instagram, une photo d'elle portant un haut court qui laissait voir, à la place de son ventre, le jolie entremêlement de ses intestins. En quelques heures toute la toile était au courant. Le lendemain, la nouvelle était dans tous les journaux et partout à la télévision. Le hashtag transparentbodie fut en trending topics pendant plus d'un mois et une maison de haute couture nomma comme nouvelle égérie une fille qui s'était fait faire l'opération. Bientôt, les femmes au corps transparent furent partout. En couverture des magasines de charmes, en modèle pour les publicités de yaourt facilitant le transit et même en présentatrice météo. 

Les hommes ne furent pas en reste non plus. Un sportif important fit parler de lui après avoir été photographié en vacances, arborant fièrement un torse à la peau cristalline; un homme politique, probablement sur les conseil de ses directeurs de campagnes, subit l'opération afin de se montrer "dans l'air du temps"; et un collectif d'artistes et chanteurs à la peau transparente, fit le buzz en publiant sur internet, un clip dans lequel tous portait la main sur leur cœur palpitant et dont tout les bénéfices était reversé à la recherche contre la cardiomyopathie.

Comme toujours, ce furent d'abord les plus aisés qui eurent les moyens de s'offrir la coûteuse opération. Si les corps transparents étaient partout, c'était surtout sur les affiches publicitaires et dans les médias. Mais après quelques années, les pauvres se mirent à vouloir s'en faire aussi, les prix baissèrent un peu et bientôt il devint commun de croiser dans les rues des personnes transparentes. Toutes les strates de la société furent touchées d'une façon ou d'une autre. Là, il y eut un regain d'intérêt pour les livres de développement personnel suggérant de regarder à l'intérieur de soi. Ici, des tatoueurs se spécialisèrent en peaux transparentes, faisant des effets de volume ou jouant sur le fait que leurs dessins pouvaient être vus y compris à l'envers. Ailleurs encore, une campagne contre le racisme fit sensation en mettant côte à côte d'anciens blancs et noirs ayant eu recours à l'opération accompagné d'un slogan qui fut repris partout : "tous pareil à l'intérieur". 

Certains n'acceptèrent cependant pas très bien les changements apportés par cette "maladie de la peau de verre" comme ils aimaient à l'appeler. Ils trouvaient ça laid, clamaient que c'était jouer à dieu que modifier son apparence ainsi et se plaignaient du nouveau racisme qui était apparu selon eux à l'encontre des personnes à la peau normale. Ils utilisaient, pour appuyer leur propos, deux cas qui avaient fait jaser et nourri d'innombrables débats de haines et d'insultes sur les réseaux sociaux. Le premier était arrivé dans une université en Italie où un groupe d'élèves transparents avait brutalisé d'autres élèves transparents avec pour seul critère que ces derniers n'avaient plus leur appendice. L'organe, s'il n'avait aucune fonction biologique, était, selon eux, marqueur de pureté et les personnes qui avaient souffert de l'appendicite devaient avoir, parmi leurs ancêtres préhistoriques, des individus trop faibles. 

La seconde histoire concernait une compagnie aérienne qui avait déclaré qu'elle allait proposer des tarifs préférentiels aux personnes transparentes car celles-ci était moins susceptible de cacher des produits illicites en elles et facilitaient ainsi le travail des douaniers. L'annonce avait produit un tel tollé que la compagnie avait fini par se rétracter mais l'histoire servait encore aux détracteurs de la peau de verre comme argument choc pour démontrer le danger de cette opération.

Les militants anti-transparence n'étaient pas les plus nombreux mais il savaient se montrer et se faire entendre. Le plus célèbre d'entre eux était un docteur en philosophie particulièrement virulent qui arpentait toutes les chaînes de radio, s'efforçant à grand cris de convaincre les auditeurs du danger que représentait ce qu'il décrivait lui même comme "une bascule vers un transhumanisme cybernétique absolu dont le mimétisme comportemental n'aura pas valeur d'humanité". Il avait également fait une grève de la faim de plus de 60 jours dans l'espoir que le gouvernement fasse passer une loi interdisant l'opération mais rien n'y fit. La loi resta la même que pour toute opération de chirurgie esthétique. Seule une autorisation parentale était nécessaire pour les mineurs. Le procédé était désormais définitivement entré dans les mœurs.

L'homme politique à la peau transparente fut élu, de nombreux professeur de Sciences de la Vie et de la Terre eurent recours à l'opération pour rendre leur cours sur le fonctionnement de l'organisme plus clairs et attractifs, et même des institutions qui s'étaient montrées réticentes dans un premier temps, finirent par changer d'avis. Ainsi les concours de beautés qui avaient fixés pour règle de ne pas faire concourir les modèles transparents et non transparents ensemble finirent par réunir les deux et certains même ajoutèrent des critères comme celui des plus beaux organes. Cela eut des répercussions dans le milieu de l'industrie alimentaire qui vit l'apparition d'une tendance aux régimes monochromatiques. On vit ainsi fleurir des plats tout préparés et des aliments aux couleurs extrêmement criardes dont certains étaient parfois garnis de paillettes dans le seul but de donner une plus jolie couleur à l'estomac, l'intestin et les selles. 

Dans les coures de lycées, les jeunes transparents mangeaient des aliments qui s'accordaient avec leur tenue et l'alimentation devint un marqueur social au même rang que les vêtements. Les sportifs mangeaient plus de rouge, les gothiques du noir, les racailles du bleu et les baba-cool militaient pour l’OrganeProud en mangeant de toutes les couleurs. Les marques de vêtement s'étaient bien sûr adaptées à ces nouvelles tendances et proposaient désormais des jeans avec d'énorme trou, des pull avec un effet lacérés ou des manteaux en plastiques transparents afin de jouer sur le montrer/cacher que les jeunes aiment à entretenir. Plusieurs associations puritaines firent valoir que c'était sexualiser les enfants que de les laisser se vêtir de la sorte et que cela risquait d'inciter les pédophiles mais d'autres, au contraire, déclarèrent qu'il était bon d'habituer les gens à voir des corps dénudés et que c'était les agresseurs qui avaient des soucis avec la sexualité, pas les victimes. Quoi qu'il en soit, les statiques des agressions et des viols demeurèrent inchangés, aussi les débats finirent par cesser. Ce fut en revanche le nombre d'avortements qui fut impacté et qui diminua fortement, passant de plus de 220 000 IVG par an à presque 180 000 en l'espace de 2 ans seulement. Le parti de droite avait lancé une vaste campagne anti-avortement montrant plusieurs femmes à la peau transparente au cours de leurs différentes semaines de grossesses. La campagne insistait sur à quel point l'embryon prenait tôt des traits humain et mettait en avant des informations comme le fait que le cœur commençait à battre dès la 6ème semaine. Pouvoir voir l'embryon en soi créa chez beaucoup de femmes, un refus catégorique d'avorter, quel qu'aient été les circonstances de la conception de l’enfant ou leur capacité à prendre en charge ce dernier une fois né. On vit passer le droit à l'avortement de 24 à 12 semaines dans des pays comme l'Angleterre, et de 12 à 9 en France. "Une victoire" selon le partie de droite, "un petit pas pour le machisme et un grand pas en arrière pour le droit des femmes" selon celui de gauche. Le seul secteur où le taux d'avortements augmenta fut celui de la pornographie en raison de l'émergence d'une nouvelle catégorie de vidéos dans lesquels on pouvait voir, après l'acte, en direct, la fécondation de l'utérus. La catégorie plaisait beaucoup aux hommes, créant, semblait il, un sentiment de puissance des plus satisfaisants.

Avec le temps, les peaux transparentes cessèrent de défrayer la chronique. L'opération n'était plus seulement acceptée, elle était devenue banale. On reparlait d'elle de temps en temps mais c'était toujours pour raconter qu'on avait vu un spectacle de magie dans lequel la magicienne avait fait rentrer à vue la bague d'une spectatrice dans son ventre ou parce qu'on avait lu un article racontant qu'après une soirée arrosé, un homme s'était réveillé et avait découvert qu'il avait avalé une liasse de 500 dollars. Une seule fois le débat fut relancé quant à la dangerosité ou non de l'opération. Après avoir été élu président et en pleine campagne pour un deuxième mandat, l'homme politique à la peau transparente fut abattu d'une balle en plein coeur par quelqu'un qui ne fut jamais arrêté. Certains affirmèrent alors que le travail du tireur avait été facilité par le fait de voir parfaitement où se trouvait le cœur. On songea un temps à interdire aux personnes transparentes de faire de la politique mais l'idée fut vie rejetée. On se contenta d'augmenter la sécurité des autres candidats et on passa au peigne fin toutes les pistes possibles afin de retrouver le tireur. Ce fut chose vaine.

Une génération passa. Près de 75% de la population mondiale était maintenant transparente. Presque autant que de possesseurs de téléphones portables. Quelques rares personnes avaient fini par se lasser de leurs peau, mais, l'opération étant irréversible, elles avaient dû se rabattre sur l'achat de costumes d'imitation de peau ou, plus coûteux mais plus efficace, se payer un tatouage intégrale de la couleur de leur choix. Pour les autres, l'opération constituait maintenant un passage obligé si l'on ne souhaitait pas passer pour un marginal. Pour diminuer les coûts , une compagnie avait mis au point un procédé rendant la peau transparente transmissible génétiquement, garantissant ainsi de ne pas avoir à payer l'opération à ses futurs enfants. Ce fut un tel succès que toute les autres compagnies se virent rapidement obligées de s'aligner sur la demande.

Deux générations plus tard naquit le dernier être humain à la peau non transparente. Il mourut dans un accident de voiture à l’âge de 48 ans sans laisser de descendance.

Nouvelle histoire audio. Cette fois c'est un conte.

Bonjour,

Première publication pour moi et inauguration d'un format que j'aime bien, l'histoire audio.

C'est ma première donc ni le texte, ni la voix, ni la qualité d'enregistrement ne sont forcément au rendez-vous mais je l'a trouvais sympa alors je la poste.