•      J'ai terminé Stephen's Sausage Roll (SSS) ! Je pense que vais le mettre dans mon CV. Je ne savais pas quoi écrire dessus, mais j'aimerais répondre à la vidéo de Joseph Anderson intitulée (à peu près) : "Stephen's Sausage Roll is the best puzzle game".

         Le monde 1 sert comme de tutoriel, la mécanique de base pour pousser les saucisses est au cœur de ce début de jeu. Déjà, les niveaux sont très difficiles. Très prise de tête, même ! Néanmoins, ils restent tous très bien. Beaucoup de jeux ont plutôt tendance à commencer avec une section vraiment simple en premier lieu, puis, une fois que le joueur maîtrise, à commencer "les choses sérieuses". Stephen's Sausage Roll rentre directement dans le lard. De ce principe, Joseph Anderson dit que SSS "respecte ton intelligence". Et déjà, je ne suis pas d'accord ! Même si j'adhère au design de Stephen's Sausage Roll, je trouve qu'il s'agit plus d'un défaut qu'autre chose. J'aime les jeux de puzzle, j'aime Increpare, donc c'est plus "facile" pour moi de m'investir. En plus, j'ai déjà joué à ses jeux de Sokobans. Mais pour un néophyte, ça peut marcher, mais ça peut surtout casser ! Un tutoriel simple, ce n'est pas "ne pas respecter son intelligence". Au contraire, c'est accompagner. Braid, FEZ, The Witness, Portal 1 et 2 sont des jeux qui ont de supers puzzles et tous ont un tutoriel. Enfin, pour terminer sur ce point, en regardant la communauté de fan de SSS (notamment sur Twitter), beaucoup de gens disent "je suis trop bête pour Stephen's Sausage Roll". Même si c'est en rigolant, je trouve que ça traduit une difficulté et un manque d'accompagnement de la part du jeu. Ça traduit que le jeu ne respecte pas l'intelligence de ses joueurs, mais plutôt qu'il s'en fiche et qu'il ne se pose pas la question. Un dernier exemple pour appuyer mon propos est celui de Celeste. Même si c'est dans le registre des jeux de plate-formes, il est très difficile et pourtant, il accompagne merveilleusement bien (grâce à ses premiers niveaux tutoriels notamment !).

         Le monde 2 nous montre une nouvelle mécanique. On peut planter notre fourchette dans les saucisses pour les attraper. C'est un premier twist ! On se dit, waouh. Ça devient stylé. À ce moment là, le joueur à déjà progressé. Les niveaux s'enchaînent un peu plus rapidement jusqu'à tomber sur le niveau "The Great Tower". (Ce niveau est la deuxième suggestion de recherche sur google image si on tape Stephen's Sausage Roll). Ce niveau est vraiment, j'insiste, difficile. C'est un pic de difficulté aussi grand que la tour de saucisse et qui arrive très tôt dans le jeu. Je trouve que c'est un niveau qui, encore une fois, n'encourage pas à jouer, n'encourage pas à persévérer. Je me souviens que ce niveau me décourageait avant même que je l'essaye ! Juste le regarder me mettait mal à l'aise. Joseph Anderson dit que c'est un niveau pivot : soit les joueurs continuent assez loin dans le jeu après, soit ils arrêtent avant. Et je suis plutôt d'accord.

        Le monde 3 nous fait découvrir encore une nouvelle mécanique ! Cette mécanique, comme pour le monde 2, était là depuis le début du jeu (ce n'est pas un nouvel élément ajouté), mais on a juste pas eu l'occasion de l'utiliser. À partir de là, on comprend que chaque monde va nous faire découvrir des choses. Ou plutôt, que chaque monde va nous faire utiliser des choses que l'on a sûrement découvert par hasard. C'est une sensation vraiment très agréable et aussi très maline parce qu'elle permet à la fois de se préparer à l'avance et aussi d'avoir un indice sur comment résoudre les premiers puzzles d'un monde (je rappel qu'il n'y a pas de niveaux tutoriels, du coup il faut se débrouiller pour découvrir une nouvelle mécanique). À partir de là, le jeu gagne vraiment en profondeur : les mécaniques des mondes précédents sont toujours utilisées, mais avec celle du monde 3 en plus. Pourtant, les puzzles ne deviennent pas de plus en plus en dur. On butte sur quelques niveaux, mais globalement, ça va. Et là, on peut déjà remarqué un truc étrange. Ce n'est peut-être que moi (vous me direz), mais en fait j'ai progressé, mais sans avoir la sensation de progresser. Les niveaux s'enchaînent plus rapidement, le jeu semble plus facile, parce que je commence à le maîtriser. Mais mon attention est portée ailleurs (sur la nouvelle mécanique) et j'oublie ma sensation de progression.

        Le monde 4 permet de gagner un niveau de profondeur supplémentaire grâce à l'utilisation nouvelle d'une mécanique jamais utilisée auparavant. J'ai été étonné de ce monde car il comporte que très peu de niveaux. Et je pense avoir compris pourquoi : jamais le jeu ne nous fait refaire deux fois la même chose. Un niveau va utiliser une ou plusieurs mécaniques d'une certaine manière et on n'y reviendra pas ! Les autres niveaux vont demander d'utiliser soit d'autres mécaniques, soit les mêmes, mais d'une façon différente. Beaucoup de jeu de puzzle, je pense à Portal notamment, demande régulièrement de faire la même chose, mais dans un enrobage différent. Je pense aux niveaux où il faut mettre des portails de plus en plus haut pour prendre de la vitesse. Ce principe est repris dans pleins de niveaux différents, mais sous d'autres formes. SSS ne fait pas ça. Chaque utilisation d'une ou d'un ensemble de mécanique à son propre niveau. Le monde 4 est plus court, car la mécanique à moins de possibilité (mais n'en reste pas moins, super !)

         Le monde 5 est vraiment cool, mais se déplacer entre les niveaux devient différent : au début j'avais l'impression que c'était relou, mais maintenant je vois ça comme une préparation à la suite du jeu. La partie entre les niveaux commencent à devenir un puzzle en soit. S'y déplacer est difficile, il faut s'orienter correctement, etc. Par ailleurs, la mécanique présentée dans ce monde impact nos déplacements, donc son level design est très cohérent ! Les puzzles sont toujours de plus en plus géniaux, on progresse toujours, mais la sensation de progression n'est pas là. Mais à chaque fin de niveau, personnellement, je suis à la fois très fier d'avoir accomplis un niveau et à la fois très émerveillé de m'être approprié un niveau, son level design, d'être entré dans la tête de Stephen Lavelle, d'avoir maitrisé le niveau.

         Et là, le dernier niveau du monde 5. Trop bizarre ! Il est impossible ! Et… Oh… Waouh… Ce twist est spectaculaire ! Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Traditionnellement, on ne spoil pas ce twist… Et je vais perpétuer cette tradition. Mais sachez, qu'il y a un twist des plus twistant !

         Et s'ouvre à nous, le monde 6. On n'y entre étonné, ne sachant pas à quoi s'attendre. Le pacing était jusque là parfait. Les premiers mondes où l'on découvre, les mondes 3 et 4 on l'on comprend et le monde 5 où l'on maitrise et où l'on kiffe ! Et là, *boum*, tout est chamboulé. À postériori je pourrais dire que le "véritable" jeu commence. Les niveaux sont différents, parfois géniaux, parfois franchement oubliable. Même s'ils sont tous bien en vrai ! Les oubliables m'ont laissé un bon souvenir, c'est juste que le jeu ne nous avait pas habitué à ça… Ce sont des niveaux qui parfois sont juste un enrobage pour une même utilisation de mécanique. En soit pourquoi pas ! J'ai beaucoup apprécié Portal, alors pourquoi dans SSS, c'est bizarre ? Déjà, on n'a pas l'habitude. Le jeu ne nous montre pas ça avant. Et surtout, je pense que c'est dû à l'absence de sensation de progression. Face à ses niveaux (je vais dire "je" maintenant, parce que p'tête que vous aurez un ressentis vraiment différent) je me suis dis qu'ils étaient trop facile. Je ne me suis pas dis que j'étais devenu fort. Et ça change pas mal la perception d'un niveau ! Si dans Portal ça marche, c'est parce qu'on a la sensation de progresser. Quand on revoit un truc déjà vu, on se dit "héhé" et on accomplis notre besogne avec style et fierté ! Ici, non. On tâtonne dans le niveau comme s'il allait nous donner du fil à retordre et finalement on arrive au bout sans trop avoir eu à réfléchir.

         Je spoil un petit peu, mais ça vaut le coup ! À partir du monde 6 lancer les niveaux devient un puzzle en soit. Parfois même, lancer le niveau est plus difficile que le niveau en question ! Et ça, c'est vraiment bien. Le jeu prend une ampleur différente, gagne encore en profondeur. C'est clairement mon monde préféré et ça tombe bien, parce que c'est le dernier.

         Arrive les deux derniers niveaux. C'était bizarre comme moment. L'avant dernier niveau je l'ai réussis, j'ai cuit la saucisse sur ces deux faces comme le jeu le demande. Et pourtant, c'était pas bon. J'ai cru que le jeu avait bugué et je suis aller chercher de l'aide sur internet (pour de vrai !) et en fait c'est normal ! Pour la première fois, à la toute fin du jeu, il fallait terminer le niveau de la bonne façon. C'était une sensation particulière. J'étais d'abord perdu, je pensais vraiment que ma sauvegarde était foutue. Puis j'étais en colère, je pouvais pas faire retour en arrière ! Il fallait refaire tout le niveau ! Et enfin j'étais impressionné. Tous ces moments à jouer au jeu, j'apprenais à maitriser le jeu. J'avais l'impression d'être un Hercule capable de modeler son environnement. C'était génial ! Et le dernier niveau… "Pillar of God" fait la même chose. J'ai dû recommencer à zéro trois fois le niveau ! Et la troisième fois il n'était pas si dur et pourtant j'ai eu une grosse émotion. C'est à ce moment là que j'ai eu la sensation d'avoir progressé. C'est là que j'ai compris que j'étais devenu un ouf. C'est comme si j'avais réalisé ma progression qu'après avoir terminé les 6 niveaux de Super Hexagon. C'était une émotion vraiment forte et qu'aucun autre jeu ne m'avait procuré ! Je ne sais pas quoi en penser. J'aime cette émotion, et je veux la revivre ! Mais est-ce que ça vaut le coup de rendre un jeu si difficile d'accès pour ça ? Ça vaut le coup de ne pas donner envie aux gens de jouer pour ça ? Je dirais que oui et non. Oui ça vaut le coup et que pour rien au monde il faudrait "corriger les défauts" du jeu. Et non parce que c'est aux joueurs aussi de donner envie : donc je vous jure que ça vaut le coup ! Jouez à Stephen's Sausage Roll !

         J'aimerais terminer sur deux derniers points. L'un est soulevé CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE

         Ensuite, après le dernier niveau il y a encore un petit twist qui est vraiment très cool. Ce twist m'a beaucoup ému aussi parce qu'il a joué et sur la nostalgie et sur cette sensation de progression justement. Je vous encourage a aller jusqu'au bout, c'est vraiment un très chouette jeu.


    N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé du jeu ou ce que vous en pensez même si vous n'y avez pas joué !

    À bientôt pour un nouvel épisode sur je-sais-pas-encore !

     


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  •  Chaque narrateur aura une façon de voir le monde différente, reflétée par sa façon de le dessiner. Il y aura donc, en plus de la narration classique, des choses à déduire des choix de narration du narrateur en les confrontant aux décisions des autres dessinateurs, tant sur sa psyché, son avis sur les autres personnages et la situation, que sur le canon réel de l'univers, qui du coup ne pourra être approché qu'à coup de comparaisons entre les différentes descriptions qu'en auront fait les narrateurs successifs.
     Dans Tintin par exemple les personnages portent presque toujours les mêmes tenues, mais il n'est jamais avéré que c'est un choix canon de leur part : il semblerait plutôt que ça soit une convention de dessin, pour rendre l'histoire plus facile à suivre et rapide à lire. Ce choix anodin dans Tintin peut être très révélateur dans Maître Ruban, où l'auteur est aussi un personnage : un narrateur fan de mode pourra par exemple varier les tenues de ses camarades de classes, soit parce qu'il fait systématiquement attention à ce qu'ils portent et cherche à le retranscrire, soit au contraire pour exprimer son goût personnel ; un autre mettra toujours des vêtements aisément identifiables à ses personnages, sauf à un de ses camarades dont la tenue changera tous les jours : remarquerait il, noterait il les choix vestimentaires de son compagnon ? Et en comparant ces différents choix on peut commencer à découvrir des trucs sur les personnages qu'ils sont sensés représentés : si Soledad par exemple est toujours représentée en robe, c'est sans doute pas une coïncidence des décisions des dessinateurs, mais une véritable habitude qu'elle a. 

     J'aime beaucoup ce principe de narration mais le problème c'est que c'est pas facile de trouver des trucs intéressants à raconter comme ça... Voici par exemple l'idée la plus extrême que j'ai pu trouver : le premier Maître Ruban monte avec Soledad un escalier à 18 marches dans l'arc 1, plus tard dans le second arc on revoit cette scène du point de vue de Soledad : l'escalier a cette fois 12 marches ! C'est parce qu'ils ne montent pas l'escalier de la même façon, et comme ils ne conscientisent que les marches qu'ils empruntent, ils ne le dessinent pas pareil ! De là on peut déduire le nombre réel de marches de l'escalier, en calculant le PPCM (plus petit commun multiple) de 12 et 18 : 36. L'escalier pourrait donc avoir 36 marches ; Soledad en le montant trois à trois n'en aurait compté que 12, et le premier Maitre Ruban en le montant deux à deux en aurait compté 18 (notez qu'il pourrait aussi avoir 42 ou même 108 marches, mais ça impliquerait que Soledad monte les marches par 6 ou par 9). Je trouve ça cool mais je ne vois malheureusement pas trop de scénario où essayer pour le lecteur de retrouver le nombre canon de marches de cet escalier pourrait être intéressant.
     Là où cette narration comparée peut raconter des trucs chouettes serait sûrement dans des détails plus légers et constants ; un narrateur perfectionniste et névrosé dessine les tables mal alignées et les ampoules cassées ; un dessinateur libidineux et objectifiant accentue les proportions des filles, les gros seins deviennent plus gros, les petits plus petits ; une Maître amoureuse et peu sûre d'elle même centrera son intrigue sur son crush plutôt que de se mettre en avant ; un anorexique se dessinera gros, laid et lourd.


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  • J'ai mis 11 heures pour terminer Half-Life 2.

    J'avais quitté Ravenholm il y a un petit moment déjà. C'était un endroit très bizarre, le lieu était infesté de monstres infestés et le prêtre du coin, père Grigori, était devenu complètement dingue. Il construisait des pièges immenses dans les rues de la ville et se fabriquait des armes pour venir à bout des infestés… Mais, il le faisait avec un tel engouement que c'était à se demander s'il ne prenait pas du plaisir dans cette situation. J'ai d'ailleurs quitté la ville sur une image du père Grigori mettant à feu le cimetière local et riant aux éclats, sans pouvoir s'arrêter.

    Cette séquence était très étrange. Ça semblait détaché du reste. Pas de Cartel, pas de Cité 17, plus d'histoire, juste une ambiance lugubre. En parcourant cette ville, j'étais sortis du jeu et transporté ailleurs (Dans Left4Dead peut-être). Mais en tout cas je n'étais plus dans Half-Life 2 et je trouvais que la séquence s'intégrait mal dans le jeu.

    Pourtant, au détour d'un couloir sombre, j'ai eu très peur et j'ai tiré au fusil à pompe. Peur de deux colombes qui paillaient et qui se sont envolées. Elles ont sûrement eu peur de moi. Et c'était étrange comme sensation. J'ai eu l'impression que tout le jeu n'était qu'un enrobage pour des petits moments comme celui-ci. J'ai eu l'impression que Ravenholm était exagérément effrayant pour m'apprendre à avoir peur pour ce moment. J'ai eu l'impression que le volume des armes étaient volontairement mal mixés pour entendre le tir du fusil à pompe résonner longtemps dans mes oreilles alors que ce n'était que deux oiseaux. J'ai eu l'impression que 90% du jeu ce n'était que violence pour rendre ce petit moment plus fort.

    Je ne dirais pas que c'est l'un des mes jeux favoris. Il traîne en longueur et est répétitif. Mais ce genre de moment arrive plusieurs fois dans le jeu. Et ces moments ne fonctionnent que parce que le jeu est comme il est. Il y aurait moins de combats, ça ne ferait pas la même impression. Idem si le volume des armes était mixés différemment ou s'il n'y avait pas un chapitre horrifique à Ravenholm.

    Du coup, je ne sais pas vraiment quoi en penser… À la fois le *pan pan* et le *boum boum* sont très présents et très redondants, ce qui ne m'a pas plu. Mais, sans ça, d'autres petits moments n'auraient pas été aussi fort. Et ces petits moments forts sont vraiment, vraiment bien ! Ça se voit que ce sont des moments réfléchis et penser, et pas juste des coïncidences. D'autant plus que ces moments servent le récit dans son ensemble, ce ne sont pas que des moments chouettes isolés les uns des autres. Le jeu parle d'une dictature et d'une Cité sous contrôle. Ces moments mettent en avant cette envie de liberté.

    J'ai l'impression que le jeu nous montre que la bagarre c'est pas ouf et qu'il faut s'en libérer pour être… euh… libre ? Et le jeu nous montre ça par l'expérimentation. Les meilleurs moments, j'ai trouvé, sont les 15 minutes (mises bout à bout) où je ne me suis pas bagarré. Et ces 15 minutes n'auraient pas été aussi belles sans les autres 10 heures et 45 minutes à passer à tuer des gens.


    N'hésite pas à me dire ce que vous en pensez, surtout ceux qui ont joués à Half-Life 2 !

    Le prochain épisode sera sur Stephen's Sausage Roll, quand je l'aurais terminé (à dans 8 mois).

     


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  • L’Incroyable Histoire de Dick Dexter

    Chapitre 1 – Coup de Poker

     

                    C’était un soir d’hiver, Dick s’était rendu dans un endroit malfamé de New York. C’était un appartement piteux, l’eau s’était infiltrée dans les murs du salon, la lumière était faible et l’air nauséabond. Il était là, au milieu de quatre autres loubards, tous autours de la table, cartes en main. Dick avait relancé de 300$, il était confiant avec son full aux As par les Rois. Il observe un mouvement du côté du croupier. Tout le monde c’était couché sauf lui et son vis-à-vis, Billy Jones. Ce dernier était impassible tandis que Dick ne tenait plus en place : il jeta sa main sur la table et tous firent un bond en arrière. La main de Dick gisait là, au milieu de la table. Elle restait fermée tenant entre ses doigts le full de Dick. Du sang s’écoulait lentement de la main, les joueurs regardaient tous la main avant de s’apercevoir que Dick n’était plus là, et l’argent non plus. Billy Jones, s’élança en avant, enjambant la table et sortant son Colt 1911. « Enfoiré, si j’te retrouve je te fais la peau ! » cria Jones. Les autres joueurs partirent aussi à la poursuite de Dick après s’être rendu compte de la supercherie : une main en caoutchouc et de la sauce tomate.

                    Dick Dexter était déjà dans la rue d’à côté. Il entendait les coups de feu au loin, mais rien ne semblait l’inquiéter. Il comptait son argent : un bon pactole de 10.000$ était entre ses mains. Il leva sa vraie main cette fois et fit signe à un taxi de s’arrêter. « Emmenez-moi à Jackson Street dans le Bronx, j’ai quelqu’un à voir. » Ni une, ni deux, le taxi fit demi-tour et emmena Dick là où il l’avait exigé. Pendant ce temps dans une rue du Queens, Billy Jones et sa bande ont abandonnés les recherches.

    « - Cet enfoiré… On va le retrouver et l’envoyer rejoindre Kennedy. » Dit Billy Jones en posant son Colt et ses pieds sur la table.

    « - Comment est-ce possible ? Comment a-t-il pu nous berner aussi facilement ? » S’interroge un gars de la bande.

    « - C’est un expert, il faisait partie de la Mano Nera à l’époque où j’y étais. J’ai jamais vu un gars comme lui, il tuait les gens de sang-froid et inventait des supercheries toutes plus folles les unes que les autres pour extorquer de l’argent, même à ses amis. » Répondit Billy. « Cependant, cette fois ça ne passera pas… Je connais son point faible. On va le retrouver et lui faire la peau. »

                    De son côté Dick n’était pas inquiet. Il était face à un vieil immeuble abandonné de Jackson Street où un gars louche en costume semblait l’attendre. « Vous êtes client ? » Dit l’étrange individu. L’ancien de la mafia répondit d’un furtif geste de la main et entra dans l’immeuble. Le hall était mal éclairé, un rat qui mangeait un bout de pain s’est enfui sous les bruits de pas de Dick. Il montait l’escalier et, arrivé au troisième, entra dans un appartement sur lequel était accroché une pancarte. « Pussy’s Heaven ». L’entrée de l’appartement était à l’effigie du hall de l’immeuble. Une fille en sous-vêtement l’accueillait avec des mots d’une langue qu’il ne comprenait même pas. Il s’avança d’un pas sûr et s’installa sur le canapé dans le salon. Une demi-douzaine de femme à moitié nue commençait à s’approcher de lui et à le caresser. Un homme arriva et dit « Ah, ça faisait longtemps. Tu connais toujours le tarif ? ». Ce à quoi Dick répondit « Plus que jamais Rudy ! » en lui lançant une lasse de billet. Rudy Cornerfield était un ancien la mafia reconverti dans le proxénétisme. Sa passion pour les femmes l’avait perdu depuis bien longtemps et Dick le savait. Parmi toutes les femmes gravitant autour de son sexe, Dick en désigna deux avec lesquelles il s’enferma dans une chambre pendant deux bonnes heures. Il sorti, remontant son pantalon et appela Rudy.

    « - Bon, je ne suis pas là que pour baiser. Je dois te parler d’un truc.

    - Ah ouais ? Raconte-moi, tu sais que tonton Rudy sera toujours là pour un vieux pote. » Dit-il.

    « - J’ai un casse à faire. Le plus gros casse du siècle et le dernier pour moi. » Le silence s’installa dans la pièce et le mac semblait moins serein. « On va voler les réserves de la Mano Nera. » À ces mots Rudy fit un bond en arrière et rétorqua :

    « - Mon pote… Mon vieux pote… Je t’ai toujours suivi dans tes plans foireux, mais là je ne peux pas. La Mano Nera garde mieux son argent que la banque international. On n’a aucune chance de voler quoi que ce soit. 

    - Bien sûr que si on peut le faire. On peut le faire parce qu’on a la confiance de la mafia, on est des anciens membres après-tout. » Dick voyait Rudy anxieux. « Mon pote, écoute moi. Aucuns de mes plans n’a échoué, alors pourquoi lui ? Je vais te laisser réfléchir. »

    Dick marcha jusqu'à la sortie de l'appartement et lança une nouvelle liasse de billet dans les mains de son vieil ami. Il y en avait pour 5.000$. « J’espère que ça t’aidera à y réfléchir, je repasse demain pour la réponse. » et il sortit de l’immeuble. La voiture, une Fiat 520, de Rudy était garée là, Dick s’empara de son double des clefs et démarra la caisse. À peine il ferma la porte que la carrosserie renvoya une balle, c’était Billy Jones et sa bande. « Putain d’enfoiré, t’as pas changé ! Toujours obligé d’aller aux putes après une arnaque ! Attrapez moi ce clown, je vais en faire du confit ! » Cria-t-il. Dick appuya sur l’accélérateur et fonça dans la première rue à droite, des prostitués sortaient de l’immeuble en criant, apeurées par les coups de feu. Rudy courra à la fenêtre. « Mais quel enfoiré, il avait tout prévu. » ce dit-il. Il balança une grenade fumigène par la fenêtre en plein milieu de Billy Jones et sa bande et se précipita par la porte de derrière son immeuble. Dick l’attendait dans sa voiture. Rudy ouvrit la porte et s’installa à côté de son ami qui accéléra. « Alors, c’est un oui Rudy ? » dit Dick. D’abord un silence puis le mac répondit « T’es vraiment qu’un enfoiré, j’avais mis du temps à trouver toutes ses putes. J’ai intérêt à en avoir deux fois plus après ton casse. Par contre je te préviens : cette fois, c’est vraiment le dernier ! ».


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  • Bon finalement je suis le conseil de swaggman de le rééditer en intégrale, mais vous êtes pas obligés de tout relire non plus, c'est juste que comme les chapitres sont éparpillés sur deux rubriques je trouvais pas ça très pratique.



    Petite intro : Le chat chacha

     C'était la rentrée de Terminale, et je ne la connaissait pas vraiment. Elle était dans notre classe, et y avait un peu le même statut que moi : elle s'entendait bien avec tout le monde, mais n'avait pas beaucoup d'amis proches. Et, comme moi, elle n'avait jamais froid. Elle avait aussi assez mauvais gout : elle portait de ces petits hauts dont le dos est orné de faux diamants formant le contour d'une paire d'ailes d'anges... Et son ex, rencontré furtivement l'année précédente, m'avait fait l'impression, rare chez moi, d’être un sale type - enfin bref.
     Antoine, qui aimait bien donner des surnoms, l'appelait chacha, mais rarement à voix haute, parce qu'elle l'effrayait un peu : elle était, sinon violente, du moins assez exubérante dans sa susceptibilité - et elle n'aimait pas qu'on l'attache à un truc mignon.
     Faut dire que mignonne, elle l'était déjà suffisamment toute seule : elle était petite, avec un petit nez, de petites dents, mais de grands yeux ; brune, elle avait les cheveux courts et ondulés ; elle était agile et souple, savait se faire remarquer ou être discrète, et adorait bouffer - en fait, c'était un chat.

     

     Chachapitre 1

     Le samedi 18 octobre 2014 je parlai pour la première fois, à James et Antoine, de mes amours passés. Le soir je me couche avec cette pensée : "cool, comme j'en ai parlé, je vais peut être rêver d'elle" - il faut dire que jusqu'alors ma vie amoureuse était principalement rêvée.
     Le 19, je me réveille d'un rêve dont je n'arrive pas à me souvenir, mais avec la certitude que je suis amoureux de chacha ; ça faisait 5 ans que j'attendais ce moment.
     Cette fois ça va chier : je vais faire quelque chose !
     Les jours suivant je me rapproche d'elle, plus ou moins subrepticement ; le 30 j'ai la maison pour moi, je l'invite, avec le reste de la smala, pour Halloween.

    La sachant très portée sur la bouffe, mon plan séduction repose principalement sur deux tartes trop stylées, préparées avec amour et de la pâte feuilletée. Elle arrive la première, un peu avance : j'ai encore mon tablier et ma toque.
    " Salut !
    - Salut... *petit rire surpris* Désolée je suis en avance, tu cuisines quoii ?" - elle avait souvent cette manie de laisser trainer sa dernière syllabe, les mains dans le dos, en penchant la tête sur la coté.
    "Des tartes.
    - ah..."- son sourire s'efface, elle est TRÈS déçue mais semble essayer de la cacher -"J'aime pas les tartes.
    - ah meeeeeeeerde mais t'aime quoi alors ?
    - Les pâtes ! mais vraiment t’embête pas pour moi, hein !"
    Malgré une longue argumentation, elle refuse de me laisser faire des pâtes juste pour elle.
     On se met finalement à discuter de tout et de rien, les autres arrivent au moment où les tartes finissent de cuire. Je n'en sort qu'une seule, qui est engloutie quasi instantanément. Ils en demandent plus. Moi, visiblement surpris : "Damned bah je peux faire des pâtes si vous voulez".

    Après bouffer on se matte tout plein de films ; comme je doit tout installer, je suis le dernier à m'asseoir, à la seule place qui reste : à coté de chacha.
     Les films s'enchainent et les invités s'endorment les uns après les autres. Nous nous installons de plus en plus confortablement sous la couverture que nous partageons : je pose mes jambes sur la table basse, elle essaie à son tour mais a les jambes trop petites ; je lui rapproche la table, mais elle préfère finalement reposer ses jambes directement sur les miennes. Un peu plus tard, elle se couche contre mon épaule, et s'endort.
     Peu après, Antoine, quelques sièges plus avant, se retourne pour voir qui a survécu à cette épidémie de sommeil ; voyant le tableau de corps entremêlés que nous formons, il se fend d'un sourire entendu et d'un pouce en l'air approbatif. Un peu vexé, je lui répond par un autre doigt.
     N'osant pas bouger de peur de réveiller chacha, je passe une très mauvaise nuit.

     Le lendemain matin on se réveille les premiers, et décidons d'aller acheter des viennoiseries pour le petit dèj, mais encore une fois, malgré mon insistance, elle refuse que je lui en paie une, alors même que j'en prend pour tout le monde, prétextant qu'elle n'aime finalement rien d'autre que des pâtes.
     Elle profite d'ailleurs du petit déjeuner pour finir la plâtrée de la veille.



    Chachapitre 2
     Celui là a un titre : Je ne me souviens pas avoir jamais été aussi heureux

      Le 6 mars 2015, tu nous invites, Antoine, Nathalie et moi, à jouer à super smash bros mélée chez toi. Après s’être tous fait copieusement défoncer, tu nous proposes de rester dormir ; Nathalie peut pas et se casse, je reste avec Antoine.
     Se pose alors le problème du couchage : t'as un lit et un matelas au sol, on est trois. Bon prince, je laisse le lit. Bonne princesse, tu fais de même : on se serrera sur le matelas.

     On s'est évidemment couchés tard, et on s'endort rapidement, mais je me réveille au milieu de la nuit. Trop occupé sans doute à penser à toi, je n'arrive pas à me rendormir tout de suite, et me tourne un peu. Je bouge un membre de trop, tes yeux s'entrouvrent, baignés de sommeil et de la lueur du lampadaire de la rue d'en face, filtrant à grand peine à travers tes rideaux. Un moment je sens que tu ne sais pas où tu es ni ce que peut être cette forme obscure qui te regarde si intensément, mais tu fini par me reconnaitre.
     Le sourire que tu as eu en te rendormant est le plus beau que j'ai jamais vu.

     


    Chachapitre 3

    Cette fois là on se retrouve à porte de Choisy, on marche vers chez toi.

    C'est un peu gênant au début, le silence ne s'entendant qu'à grand'peine à travers mes efforts surhumains pour le couvrir d'absurdités quelconques.

     à mi chemin tu t’arrêtes. On est sur un grand trottoir, le long du mur d'un cimetière ; il fait nuit, les bulbes des lampadaires perdus dans les feuillages ne projettent qu'une lumière faiblarde.
     Tu te tournes vers moi, qui me met contre le mur. Tes yeux se plantent dans les miens.

    Tu me demandes ce qu'il s'est passé avec Delphine, et me laisses parler une demi seconde avant de te rendre compte qu'on est repartis pour le même débat que la dernière fois. Tu essaies donc de couper cours :
    "-Raah mais arrête ! C'est pas possible d’être aussi têtu... J'ai besoin de le savoir, OK ?
     -Mais enfin tu comprends bien que c'est un peu la trahir quand même...
     - La trahir de me le raconter à moi ??
     - Enfin elle est pas con, elle sais bien que j...   ...T'imagine pour elle, apprendre qu'on discute de ça tous les deux ?
     - Mais n'importe quoi ! C'est mon amie. J'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé, pour la réconforter justement,,
     - Mais en la réconfortant elle va bien se rendre compte que tu sais des trucs... Elle est déjà assez blessée comme ça... écoute c'est ma faute, s'il te plait n'en rajoute pas pour elle.
     - C'est toi qui en rajoute ! Comment tu veux que je la réconforte... " On tourne un peu en rond autour de ça, jusqu'à ça ce que ça se transforme en :
    "-Dis moi.
     -Non.
     -Dis moi.
     -Non.
     -Dis moi."...

     à vrai dire on s'était déjà retrouvés dans des situations comme celles ci, mais jusqu'alors elles avaient toujours tourné à ton avantage, ma peur d'aller trop loin et de te perdre étant assez supérieurs à mon opiniâtreté. Cette fois là il n'y avait semble t il pas grand chose à perdre : tu m'avais dit trois jours plus tôt que tu ne voulais plus jamais me voir.

     On reste donc comme ça pas mal de temps. Finalement tu soupires, fermes le poing, me défies du regard et désignes le mur toujours derrière moi :
    "-Si tu me dis pas, je donne un coup de poing de toutes mes forces dans ce mur"
    T'es pas du genre à bluffer, mais bon :
    "-Si tu fais ça je donne un coup de boule dans le même mur"
    Tu me regardes, esquisses un sourire, et frappes.
     Les 30 secondes d'après sont un peu floues.

     On se regarde pendant longtemps après ça.
     Une autre idée finis par passer dans tes yeux ; tu t'humectes les lèvres. Puis ton regard se baisse vers les miennes.

     Je t'en veux encore.



    Chachapitre 4

     Vous aviez encore chacun des affaires appartenant à l'autre, vous vous retrouvez donc devant chez toi pour les échanger.
     Il te passe les tiennes sitôt dit bonjour, toi tu traines un peu.
     Tu dis que c'est trop con, quand même.
     Que tu ne comprends pas trop pourquoi.
     Qu'il est bête, c'est pas possible autrement.
     Et il a pensé aux autres ? Il compte arrêter de les voir aussi ?
     Il était ton meilleur ami, ça peut quand même pas se finir comme ça ...
     Il va vraiment rien dire ?? C'est ça son super plan ?
     Le pire c'est qu'il doit se croire courageux.
     Qu'est ce qu'il essaie de faire ?

     Tu le prends dans tes bras. Les siens restent raides le long de son corps. Tu pleures. Pendant longtemps.
     Puis tu te dégages. Tu détournes la tête, et poses ses affaires sur un petit muret. Et puis tu t'en va.


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