•  Je rentre dans mon bar et je m'assieds à ma place habituelle, dans le coin à l'ombre, exactement où t'es assis. Et là je me rends compte qu'il y a sur la chaise devant moi un gars, un peu caché par la pénombre, qui me ressemble comme deux gouttes d'eau, même visage, mêmes vêtements, même dégaine.
     Je sursaute mais je dit rien. Le gars, très calme, me salue. Sa voix est vraiment désagréable, mais elle me rappelle vaguement quelque chose. Je met quelques secondes à mettre le doigt dessus : c'est MA voix, celle un peu dégueux que j'ai dans les enregistrements. Avec cette voix, donc, il poursuit :
    "-Désolé pour la voix
     -Euh, pas de soucis
    "-ça m'as fait pareil au début, mais tu va voir on s'habitue.
     -Okay, mais t'es qui ? Il se passe quoi là ? " la stupeur s'en vas, je commence un peu à paniquer
    "-Huum bon tu sais le truc sur lequel tu travailles là ...?"
     C'était un peu une erreur de sa part, je me met tout de suite sur mes gardes, je crois qu'il essaie de me faire parler. Mais non, c'est secret et je dirais rien ! Il comprend, baisse un peu la voix, regarde sur le côté pour s'assurer que personne ne nous entende, et continue :
    "-Bon, tu travailles, en secret, sur une machine qui pourrais... Enfin qui devrait... Voyager dans le temps." 
     Là je panique vraiment, j'en ai parlé à personne, il ne peut pas savoir, c'est impossible. Et, justement parce que c'est impossible, je commence à comprendre. Il enchaîne :
    "-Et bah t'as réussi. Tu as inventé la machine a voyager dans le temps, grâce à laquelle j'ai pu remonter dans le passé ; je suis 'toi'."
     Là je reste bouche bée quelques secondes, qu'il met à profit pour sortir une craie et une espèce d'amas de fils noirs reliés à un cadran :
    "-Voilà, elle est là. Elle paye pas de mine comme ça mais bon, elle marche. D'ailleurs tu vois qu'un des fils commence à partir en couille, là ? Faudrait que tu le change avant de l'utiliser, tu dois avoir ce qu'il faut dans mon... dans ton labo. Mais attends, je vais essayer de commencer au début :
     Je n'ai pas inventé cette machine, je n'ai même pas rencontré celui qu'a trouvé comment faire, mais j'ai entendu parler de ce qu'il s'est passé : le gars qui l'a inventée l'a utilisée sitôt qu'elle a eu l'air fonctionnelle, il est retourné de 3-4 jours dans le passé, pour voir. Mais au moment précis où il l'a activée, il entend un truc, un grondement ou une explosion. Une fois retourné dans le passé, il croise, par mégarde, son double, son 'moi d'avant'. Il craint d'abord avoir provoqué une espèce de paradoxe temporel, mais rien ne se passe, donc il suppose que tout va bien. Ensemble ils attendent les 3-4 jours le séparant du présent, mais au moment 't' du retour, pas de grondement. Ils commencent un peu à paniquer, décident de ne plus retoucher à la machine tant qu'ils auront pas refait tous leurs calculs. ça leur prends plusieurs jours mais à deux ils finissent par trouver une erreur dans leur premiers résultats. Ils échafaudent des hypothèses, font tout pleins de nouveaux calculs, puis finissent par trouver un théorème essentiel : il existe une infinité de temporalité différentes, et en remontant dans le temps le gars a aussi changé de temporalité, mais sa machine, qui ne prenait pas en compte ce fait, a tout simplement effacé la temporalité dont il venait. Sa famille et ses amis sont tous morts, comme ça, d'un coup. Alors bien sûr dans cette temporalité il y a un double de chacun de ses proches, puisque tout est rigoureusement identique. D'ailleurs sans doute qu'il s'entend bien avec son double à lui, mais enfin bon ça lui fait un peu chier d'avoir détruit tout un univers, t'imagines bien. Et c'est là qu'il se rend compte d'un truc encore plus terrible : si il a trouvé comment remonter dans le temps et accidentellement détruit sa temporalité, son univers de départ, et qu'il existe une infinité d'univers, alors  d'autres lui mêmes, dans d'autres univers, ont dû faire exactement la même chose ! Le seul truc qui a empêché son double de cet univers-ci d'en faire autant, c'est le fait qu'ils se soient croisés. C'est à dire que sa machine a simultanément détruit une infinité d'univers parallèles.
     Découvrant ça, il se replonge dans les calculs, avec son double. Ils finissent ensemble par inventer une machine, cette machine que t'as là sur la table, capable de remonter dans le temps dans une autre temporalité, sans altérer son univers de départ. Là ils conçoivent un plan pour sauver tous les univers qu'il a détruit. Et c'est ici que tu rentres en jeu.
     Ce gars, ces gars, c'est moi, enfin c'est toi... Nous, quoi. Si j'étais pas venu dans ton univers tu aurais, d'ici trois-quatre jours, inventé la même machine que le premier gars, et détruit cette temporalité.
     Voilà ce que tu va faire : tu rentres au labo, tu répares cette machine -faut juste changer le fil-, et tu n'inventes pas la tienne, bien sûr. Là tu remontes dans le temps, à quelques minutes avant ton entrée dans le bar, à 15 heures 17. Ouais c'est ça, t'as juste à tourner ces boutons. Une fois dans le passé, toujours au labo, tu fait une petite croix sur la table, avec cette craie ; si il y a déjà une croix, tu réutilise la machine, ça veux dire que cet univers est déjà sauvé ; mais vu qu'y a une infinité d'univers à sauver, c'est à peu près impossible que tu retombes sur un univers déjà sauf. Bon donc arrivé là, tu va au bar, tu t'assieds, t'attends que ton double arrive, tu lui files la machine et la craie, et tu le laisse se charger de sauver l'univers d'après. Et toi t'auras juste à prendre sa place dans sa temporalité à lui, mais t'inquiètes pas, tout sera rigoureusement identique.
     Voilà, c'était ça le plan génial : puisqu'il y a une infinité de mondes à sauver, le seul moyen d'y arriver, c'est de déléguer à une infinité de doubles. Cette machine voyagera à travers une infinité d'univers parallèles, ces pièces se faisant remplacer une à une. Elle doit déjà être l'objet le plus vieux sur terre."
      Il marque une pause pour me laisser encaisser, puis enchaîne :
    "-Désolé de pas trop t'avoir laissé parler, le double qu'est venu dans mon univers avait préféré que ce soit plus un dialogue entre nous mais c'était vachement confus, ça a duré super longtemps, je me suis dit que ce serait plus simple comme ça.
     Enfin pour être honnête j'ai d'abord pensé essayer d'être un peu plus original mais de ce qu'il m'a dit ça à l'air dur, les doubles précédents ont beaucoup essayés d'être spéciaux par rapport à leurs doubles d'avant, y en a quelques uns qu'on essayé de faire peur à leur doubles, y en a qu'on fait des présentations power point, des chansons... Enfin, il paraît.
     Moi j'ai décidé de tirer mon épingle du jeu en essayant d'être un peu banal, excuse moi mais tu dois comprendre : c'est un peu vertigineux, et déprimant, d'apprendre qu'on est si peu unique !"

     Il avait raison, et j'ai moi aussi réfléchi à ce que je pourrais faire pour me démarquer de la quasi infinité d'itérations qui m'a précédé, je me suis finalement dit que formuler ça sous forme de récit pourrait fonctionner, même si c'est un peu artificiel, et pour tout dire désespéré.
     Tu trouveras la craie et la machine scotchés sous la table.


    3 commentaires
  • J'avais prévu de poster une histoire de voyage dans le temps mais elle est un peu longue à écrire, et y réfléchir m'a fait penser à cet argument que je trouve pas mal et que  curieusement j'avais jamais entendu, donc voilà :

    Dans la théorie de l'univers unique il n'y a qu'un seul univers (logique) et remonter dans le temps pour agir dans le passé n'est possible que dans la mesure où ces actions ont déjà été faites ; quelque chose qui est arrivé arrivera forcément, quelque soit le nombre de fois que je remonte le temps pour essayer de l'en empêcher.
    Cette conception du voyage dans le temps permet un paradoxe sympa, celui de l'événement qui s'auto engendre : disons par exemple que j'aille dans le futur, en 2034, où j'entends parler d'une histoire trop bien ; retournant dans le présent, j'en parle à un ami, qui décide d'en faire un bouquin : c'est de ce bouquin que j'avais entendu parler dans le futur ! Tout est cohérent et rien ne contredit le postulat de départ (l'existence d'un futur unique et d'une machine à voyager dans le temps), mais ça devient chelou dès lors qu'on se demande qui a inventé cette histoire.
    Perso j'ai pas de problème avec ce paradoxe dans la mesure où il est en fait l'essence même de ce type de voyage dans le temps, mais il amène à une impossibilité sympa :


    Tout jeune, un été un vieux monsieur est venu me voir alors que je jouais au parc et ma donné un vieux jouet : une petite Delorean. Ce jouet a provoqué chez moi une obsession pour le film Retour vers le futur, et a plus tard motivé mon choix d'orientation : la physique fondamentale. Une vie de travail acharné plus tard, j'inventais ma propre machine a voyager dans le temps. A ce moment je comprends un truc, et retourne dans le passé avec mon vieux jouet, à ce jour d'été dans le parc. Je suis le vieux monsieur, et je me donne le jouet.
    Le paradoxe est sensiblement le même, à la différence près que c'est un objet, le jouet, qui n'a pas d'origine. Malheureusement ça pose un problème majeur dans le cas d'un objet : le jouet est vieux, ok, mais il a quel âge ? Et bah il devrait avoir un âge infini, ce qui veux dire qu'il devrait être un tas de poussière.
    Bon ok on peut pas faire boucler un objet susceptible de vieillir, mais c'est pas si grave nan ?

    Revenons à notre première histoire : 
    Je vais dans le futur, où on me parle d'un histoire. Pendant ce temps, je respire, parce que j'ai pas envie de mourir. Revenu dans le présent, je raconte cette histoire à mon ami. Ce faisant, j'expire. Parmi la multitude invraisemblable de particules que j'expire, il s'en trouve un nombre énorme venant d'une de mes inspirations prises dans le futur. Ces particules se baladent tranquillou dans l'air, pendant quelques années, et certaines d'entres elles se font inspirer en 2034 par un voyageur temporel soucieux de ne pas mourir : moi*. Ces particules ont donc un âge infini à leur tour, ce qui est impossible (toutes les particules sont (très) faiblement radioactives, et se désagrègent à un rythme bien sûr très lent, mais quand même).

    Bon donc voilà c'est mon contrargument : en voyageant dans le temps on créé nécessairement des trucs infiniment âgés, ce qui est pas possible.


    *Il peut vous sembler improbable d'inspirer une particule expirée 16 ans plus tôt, mais c'est en fait extrêmement probable, simplement parce qu'on expire vraiment beaucoup beaucoup de trucs. J'arrive pas à retrouver le nombre exact mais à titre d'exemple je me souviens d'avoir lu qu'on inspire chacun quotidiennement quelques particules du dernier souffle de Léonard De Vinci, la classe


    3 commentaires
  • guerre

    tôle froissée
    chair voilée


    1 commentaire
  • J’aperçois déjà des poils s’hérisser à la lecture de ce titre, cependant rassurez vous cher(e)s lectrices et lecteur, il s’agit là bel-et-bien d’un artefact, mon objectif étant bien de m’attarder sur la construction sémantique de la phrase « il faut sauver la planète » — entendue à tue-tête  dés que le sujet est abordée —, et non pas d’attaquer la cause recouverte par celle-ci. 

     

    J’ai depuis bien longtemps ressenti que quelque chose n’allait pas avec cette phrase, avec la façon dont elle était tournée, et la lecture d’un article que je ne saurais retrouver m’a permis de mettre le doigt sur ce qui me démangeais il-y-a quelques années de cela. Ainsi, j’ai souhaité à mon tour mettre en mot ce problème, d’apparence minime mais selon moi d’une importance capitale.

     

    Je m’explique. Lorsque l’on dit qu’il faut sauver la planète, le sous-entendu évident est que la planète est en danger, qu’elle a besoin de notre aide, et que nous faillons à remplir ce rôle qui est notre devoir ; c’est la fameuse analogie de la terre qui serait un appartement dont nous serions les locataires, dont le devoir serait d’en prendre soin. Des locataires, mais à qui la louons nous, cette terre ? Qui dit location dit propriétaire, qui est-ce ? Dieu ou un autre être suprême ? On atteint rapidement les limites de cette image.

     

    En laissant l’idée de locataire de côté, revenons à notre histoire de sauver la planète. La sauver de quoi ? Quels dangers encours telle, notre chère planète bleue ? Qui est venue la sauver lorsqu’un astéroïde est entré en compétition avec les meilleurs marques de marteau-piqueur pour marquer la fin du règne des dinosaures ? Personne, et pourtant la terre est encore là. Les dinosaures par contre, hors fiction à gros budget, plus vraiment, de même qu’un grand nombre des espèces qui peuplaient la terre avant cet événement. 

     

    Vous l’aurez compris, lors d’une crise biologique, d’une extinction de masse, ce n’est pas la terre qui est en danger, mais bien ses habitants. Alors oui, ça paraît peut être évident pour peu que l’on ai étudier un peu la biologie, mais c’est bien la le piège de cette phrase, de nous faire croire que la terre serait la victime. Hors « la terre », non seulement c’est une entité bien vague, mais ce n’est pas vraiment un être vivant. A partir de la, il est tentant d’écarter le problème en se disant que… ben, non, elle est pas en danger la terre, au même titre que lorsqu’un appartement prend feu, s’il n’étais pas habité, il-y-a peu de raison qu’on s’apitoie sur son sort. On tournera une page de l’histoire de ce lieu et on en reconstruira un autre, que d’autres personnes viendront habiter. 

     

    L’étape suivante, c’est de se dire qu’il faut sauver la biodiversité, ces chers milliards d’animaux et de végétaux avec qui nous partageons cette terre. Car si "la terre" c’est vague, il est déjà bien plus accessible de vouloir sauver nos chats, nos chiens et nos chevaux, ces espèces privilégiées qui peuplent l’occident et que nous avons érigés en compagnons plutôt qu’en nourriture. C’est déjà un peu plus effrayant de se dire que si l’on ne fait rien toutes ces espèces vont mourrir à cause de nous. 

     

    Mais l’humain est égoïste, tant pis pour les chiens, on fera des robots-chien encore plus sympa, on a bien remplacer les chevaux par des voitures et on s’en sort très bien. Après tout si on casse tout, c’est pour faire avancer la science et créer de la richesse à ne plus savoir quoi en faire. Alors tant pis pour la biodiversité, on continue sur la même ligne droite. Il reste un autre cap à franchir. 

     

    Ce dernier pas, cette ultime étape, c’est de réaliser que l’humain fait parti de cette biodiversité. Que si l’on continue comme ça, il-y-a de grandes chances que l’espèce humaine soit l’une des première à en pâtir, à disparaître. Ce n’est pas la planète que nous devons sauver, c’est ses habitants, c’est nous. 

     

    En fait, ce que je cherche à dire, c’est que si l’on viens glisser un « sauve la planète » ou « save the earth » (car le problème est loin de se limiter à la formulation française) au creux d’une oreille déjà pleine de préoccupation, et bien cela risque de passer au second plan. Qu’il s’agisse de Jean-Edouard ou de Dylan, tout le monde a déjà son lot de problème à régler, dans une société aussi désastreuse que la notre, avant de se soucier du sort d’un gros cailloux. Alors oui, cette phrase ne semble pas poser de problème lorsqu’on se penche sur la cause qu’elle recouvre, parce que son décalage de sens semble évident.  

     

    Mais pour peu que l’on y prête pas attention, elle porte à confusion, elle pousse au désintérêt… et s’il y a bien une chose qui peut caractériser le 21ème siècle, c’est la bataille impitoyable qui se joue pour réussir à retenir l’attention du spectateur, à attiser son intérêt. 

     

    Et avec un slogan comme ça, on risque bien d’aller s’acheter un nouveau parfum avant de faire quoi que ce soit pour notre survie.   

     

     

    (J'en profite pour mentionner que j'ai posté 2-3 commentaires sur certains de vos articles, étant donné que j'ai un peu de retard et que les notifications sont pas toujours super efficace)


    15 commentaires
  • Une autre idée eu il y a quelque temps et que je trouvais un peu rigolote :

    Cette année à la galette des rois j'ai eu la fève, et j'en ai pas eu grand' chose à foutre, alors que c'aurait été il y a quelques années un événement (je pense d'ailleurs que la possibilité d'avoir la fève était, avant le goût, ma principale motivation d'en manger). Je me suis demandé pourquoi, et la première réponse qui me soit venu à l'esprit m'en rendait plus ou moins coupable : ma capacité d'émerveillement serait devenu plus pâteuse, plus lourde, et j'aurais de plus grande difficulté à la mettre en branle.
     Mais finalement je pense que je me trompais pas mal, et que ça n'a rien à voir avec moi, mais avec, contre toute attente, les maths. En l’occurrence  en plus une loi mathématique sympa : la loi des grands nombres.
     Elle dit en gros ceci : lors d'une expérience aléatoire, plus je répète l’expérience, plus ces résultats globaux tendront vers les résultats théoriques. Disons par exemple que je joue à pile ou face ; il est impossible de prédire les premiers lancers, où je peut par exemple n'avoir que des faces pendant 4 ou 5 essais ; au bout de 100 lancers les résultats marginaux, où un des deux cotés est en surnombres, se font plus rares. Après 1000 lancers ça devient clair que la pièce est équilibrée ; après 1000000 de lancers, ça n'a depuis longtemps plus aucun intérêt de jouer.

     Voilà, je pense que c'est pour ça que je trouvais avant incroyablement important d'avoir (ou pas) la fève : l'échantillon d’expérience de 'tirage des rois' que j'avais en tête était suffisamment faible pour que je puisse encore trouver dans ses résultats des motifs interprétables autrement que par la seule action du hasard ; je pouvais encore croire en ma chance (plutôt ma malchance en l’occurrence je crois) parce que je n'avais pas eu la fève pendant 7 ans alors qu'on se la partageais à 6, par exemple.
     Bien sûr ça vaut aussi pour tout un tas d'autres événements plus ou moins aléatoires : c'est simplement que ce que je considère comme exceptionnel est, à juste titre, de plus en plus restreint, et donc de plus en plus rare.
     En fait ma capacité d'émerveillement n'est pas plus lourde, je doit juste pour la déplacer la frapper avec des choses plus belles.


    5 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique